Environ 70 % des tumeurs malignes du sein se développent sous l’influence des œstrogènes et de la progestérone, les hormones sexuelles féminines. Ces hormones se lient aux récepteurs hormonaux des tumeurs, stimulant ainsi leur croissance. Pour contrer ce phénomène, on utilise l’hormonothérapie, un traitement antihormonal qui bloque ces récepteurs, inhibant ainsi la progression tumorale. Ce traitement est principalement indiqué chez les femmes atteintes de cancer du sein hormonodépendant.
Le Dr Carole Bauer, oncologue au CHL et Présidente de la Fondation Cancer, explique qu’il existe plusieurs types de traitements antihormonaux. Chez les patientes non ménopausées, le Tamoxifène ou le Novaldex pris quotidiennement constituent généralement le traitement de référence en se fixant sur les récepteurs hormonaux. En revanche, chez les patientes ménopausées, les anti-aromatases sont préférés, car ils bloquent la production d’œstrogènes actifs à partir d’autres hormones. La thérapie antihormonale peut être administrée seule ou en association avec une chimiothérapie ou une radiothérapie.
La durée du traitement, généralement de 5 à 10 ans : il dépend de la taille et de l’agressivité de la tumeur, précise le Dr Bauer.
Vivre avec l’hormonothérapie peut présenter des défis
La réponse au traitement varie d’une patiente à l’autre, certaines présentant des effets secondaires plus marqués, pouvant affecter leur qualité de vie, leur relation de couple, ainsi que leur vie sociale et professionnelle.
Il est important de faire preuve de patience et de persévérance. En collaborant étroitement avec votre équipe médicale et en adoptant des stratégies d’adaptation appropriées, vous pouvez optimiser votre bien-être global.
L’hormonothérapie peut entraîner une ménopause temporaire ou permanente, ou exacerber les symptômes ménopausiques préexistants.
Aliments ou plantes à éviter, en consommation régulière pendant le traitement
Tamoxifène (Novaldex®, Fareston®) | Le curcuma, la mélisse, le chardon-Marie, l’actée |
Inhibiteurs de l’aromatise (Arimidex®, Femara® Aromasin®) | Risque de diminuer l’efficacité avec le millepertuis Risque d’augmenter les toxicités du traitement avec le pamplemousse, le curcuma, le fenouil, le gingembre, le ginkgo, les oranges sanguines, la passiflore, l’harpagophytum, le levure de riz rouge |
10 conseils pour mieux vivre avec les effets indésirables
S’y préparer
N’hésitez pas à poser dès le début du suivi à votre oncologue ou gynécologue la question de savoir si les cellules cancéreuses présentent des récepteurs hormonaux. Cette anticipation vous permettra de mieux comprendre votre situation, facilitera votre préparation mentale et favorisera une acceptation plus sereine du traitement.
Communiquer avec l’équipe médicale
Informez votre oncologue de tous les effets secondaires que vous ressentez. Il pourra ainsi vous offrir des conseils adaptés, ajuster votre traitement ou prescrire des médicaments spécifiques pour atténuer ces effets indésirables.
Établir une routine
Prenez votre médicament chaque jour à la même heure pour garantir une concentration constante dans le sang. Utilisez des alarmes ou des rappels pour vous aider à respecter cet horaire et assurer l’efficacité du traitement.
Etre prudent avec l’automédication
Certaines préparations de naturopathie ou gels lubrifiants peuvent contenir des hormones ou des substances favorisant leur production. Faites également attention à certains aliments pouvant interagir avec votre traitement. Consultez le tableau des principales interactions à risques et discutez-en avec votre oncologue pour éviter tout problème.
Adopter un mode de vie sain
Pratiquez une activité physique régulière pour mieux gérer et réduire les douleurs articulaires, les bouffées de chaleur, les troubles du sommeil et la fatigue. L’exercice régulier contribue également à améliorer l’humeur et à maintenir un poids corporel équilibré.
Prendre soin de votre corps
La peau peut devenir plus sèche et sensible. Optez pour des produits doux et hydratants pour la peau et les cheveux, et privilégiez les douches tièdes plutôt que chaudes. Pour des problèmes plus importants, consultez une onco-esthéticienne ou un dermatologue.
Prendre soin de son bien-être émotionnel
L’hormonothérapie peut influencer votre humeur et intensifier certains effets secondaires. Le stress et la dépression peuvent exacerber les symptômes, tandis que les émotions positives et les moments de détente peuvent aider à les atténuer.
Impliquer son entourage
Il est essentiel de parler ouvertement à votre famille et à vos amis au sujet de votre traitement. Expliquez-leur en détail l’importance de ce traitement pour votre santé, ainsi que les symptômes que vous pouvez ressentir. En partageant ces informations, vous les aiderez à comprendre ce que vous traversez et comment cela peut affecter votre quotidien.
N’hésitez pas à leur préciser comment ils peuvent vous soutenir de manière concrète, que ce soit par leur présence, leur écoute, ou en vous aidant dans des tâches pratiques. Leur soutien émotionnel et pratique peut faire une grande différence dans la gestion de votre traitement et dans votre bien-être général. La communication ouverte renforce les liens et permet à vos proches d’être des partenaires actifs dans votre parcours de soins.
Trouver du soutien
Partager des expériences et recevoir des conseils de personnes ayant vécu des situations similaires peut être très bénéfique. Envisagez de rejoindre un groupe de soutien ou de discussion spécialisé dans le cancer du sein, tel que ceux proposés par la Fondation Cancer, Europa Donna Luxembourg, ou Think Pink Lux. Ces groupes offrent un espace précieux pour échanger, trouver du soutien, et obtenir des conseils adaptés à votre situation.
Se faire aider par des professionnels
Les techniques psychocorporelles, telles que la relaxation, la sophrologie, la méditation, le yoga et l’hypnose, peuvent jouer un rôle significatif dans la gestion des symptômes liés à votre traitement. Elles ont démontré leur efficacité pour réduire les bouffées de chaleur, les douleurs articulaires et la fatigue en favorisant un état de bien-être général et en améliorant la gestion du stress.
La relaxation et la sophrologie aident à apaiser l’esprit et à diminuer les tensions corporelles, tandis que la méditation et le yoga favorisent l’équilibre mental et physique.
L’hypnose peut également contribuer à atténuer la perception de la douleur et à améliorer la qualité du sommeil.
En parallèle, des pratiques comme la réflexologie plantaire et l’acupuncture peuvent offrir un soulagement supplémentaire. La réflexologie plantaire, en stimulant des points spécifiques sur les pieds, peut aider à améliorer la circulation et à soulager les douleurs. L’acupuncture, en rééquilibrant les énergies du corps, peut contribuer à atténuer divers symptômes et à renforcer le bien-être général.
Il est important de consulter votre professionnel de santé avant d’intégrer ces techniques dans votre routine afin de vous assurer qu’elles sont adaptées à votre situation et à votre traitement.
Faire face à la prise de poids – Participez à la conférence !
Tout comme l’épuisement, les bouffées de chaleur ou les sautes d’humeur, la prise de poids est un effet secondaire très courant de l’hormonothérapie. Toutes les patientes ne prennent pas du poids, mais pour les personnes concernées cela peut être très pénible car la masse graisseuse s’accumule peu à peu dans l’abdomen. Le traitement peut entraîner un ralentissement du métabolisme de base, c’est-à-dire des besoins énergétiques de l’organisme pour assurer les fonctions vitales au repos.
Un métabolisme de base lent rend la perte de poids difficile et favorise la prise de poids. Mais le stress et une éventuelle réduction de l’activité physique pendant le traitement peuvent aussi être à l’origine de kilos supplémentaires. Que peut-on donc faire pour limiter la prise de poids sous traitement antihormonal ?
Pour la diététicienne Françoise Kinsoen, il s’agit avant tout de trouver le juste équilibre : « Il faut veiller à ce que l’apport calorique et la dépense calorique s’équilibrent ». Elle déconseille vivement les régimes drastiques courts. Il convient plutôt d’introduire des petits changements progressivement sur le long terme afin que ces changements deviennent des habitudes, comme remplacer le dessert sucré par un fruit. Il est également très important de manger à heures fixes et surtout de prévoir ses menus afin de ne pas succomber aux fringales ni se rabattre sur des produits ultratransformés (UAT) malsains.
A quoi ressemble donc l’assiette idéale ? Pour Françoise Kinsoen, une alimentation équilibrée comprend une petite portion de glucides complexes comme le pain et les pâtes complètes pour refaire le plein d’énergie, des sources de protéines comme les œufs, les lentilles, le poisson ou le tofu pour préserver la masse musculaire, des aliments riches en fibres comme les flocons d’avoine ou les légumineuses et, bien sûr, suffisamment de fruits et de légumes, car ce sont de véritables mines de nutriments.
Le sucre et l’alcool peuvent avoir un effet négatif sur le poids. L’alcool est particulièrement cancérigène. C’est pourquoi il est crucial de réduire sa consommation de sucre et d’alcool pendant un traitement anticancéreux.
Le traitement antihormonal ralentit le métabolisme de base, ce qui peut favoriser la prise de poids
Conférence : La prise de poids sous hormonothérapie
- Les 21 octobre à 12h30 et 30 octobre à 18h00, la diététicienne Françoise Kinsoen interviendra dans les locaux de la Fondation Cancer sur le sujet « La prise de poids sous hormonothérapie ». Les personnes concernées peuvent participer à la conférence et poser leurs questions à Françoise Kinsoen.
- Préinscription
- T 45 30 331 E patients@cancer.lu
- Langues : français/luxembourgeois
- Lieu : Fondation Cancer
- Tarif : gratuit
Conseils pour une alimentation et une activité physique adaptées pendant la thérapie antihormonale
L’importance d’une alimentation équilibrée et de l’activité physique
Les légumes en particulier, sont une excellente source d’antioxydants qui protègent les cellules et peuvent aider à prévenir le cancer. Une alimentation riche en calcium, présent par exemple dans les produits laitiers, est également essentielle, car la thérapie antihormonale peut augmenter le risque d’ostéoporose.
Il est conseillé de limiter la consommation de chocolat et de boissons sucrées, mais Françoise Kinsoen recommande la modération plutôt que des interdictions strictes. On peut s’accorder un petit plaisir de temps en temps, à condition que cela reste occasionnel. Selon Kinsoen, « Le plaisir gustatif est très important ; savoir savourer des petites quantités suffit souvent pour satisfaire les envies. »
L’activité physique joue un rôle crucial également. Au début d’un traitement, il est fréquent que les patientes rencontrent des difficultés en raison de douleurs articulaires ou de fatigue. Pour contrer cette fatigue, il est essentiel de bien s’hydrater. Paradoxalement, l’exercice physique peut aider à réduire la fatigue ; des promenades courtes ou des sessions modérées de sport d’endurance peuvent être très bénéfiques. L’important est que l’activité physique soit agréable et motivante.
L’alimentation et l’activité physique doivent être adaptées individuellement en fonction des besoins, des habitudes et de l’état de santé de chaque personne, afin d’obtenir des résultats positifs et durables.
Gestion des compléments alimentaires et de la santé intestinale
Maintenir une flore intestinale équilibrée est crucial non seulement pour la gestion du poids, mais aussi pour la santé mentale. Pour des conseils sur les diététiciens agréés, vous pouvez consulter le site ANDL.lu
Bien que les compléments alimentaires puissent sembler bénéfiques pendant une hormonothérapie, il est important de rester prudent, car ils peuvent entraîner des interactions indésirables. Les produits amaigrissants, en particulier, doivent être utilisés avec précaution. Il est donc recommandé de discuter de leur utilisation avec votre équipe médicale pour éviter tout effet secondaire potentiel.
En revanche, certaines vitamines peuvent offrir des avantages significatifs. Des études ont montré que les vitamines D et B12 peuvent aider à soulager les douleurs articulaires souvent associées à la prise d’inhibiteurs de l’aromatase. Assurez-vous de consulter votre médecin avant de commencer tout complément pour obtenir des conseils personnalisés et sécuritaires.
La Fondation Cancer nous a transmis le texte original, base de cet article.