Pour la première fois, le breakdance, qui a vu le jour dans les années 70 à New York, fera son entrée cet été aux Jeux Olympiques de Paris. Cette discipline, physique et dansée, possède bien plus d’une corde à son art.
Le breakdance est un sport acrobatique qui se pratique sous forme de duels appelés battles durant lesquelles s’affrontent des équipes surnommées les crews. Le principe: les danseurs s’affrontent à tour de rôle durant une performance lors de laquelle ils enchaînent des mouvements de jambes et figures au sol, le tout en musique. Reconnu sport de haut niveau en France depuis 2019, il fera son entrée aux Jeux Olympiques de Paris en 2024.
Par le passé, il a déjà fait parler de lui, lors de Jeux olympiques de la Jeunesse de Buenos Aires, en 2018. Le Comité international olympique l’avait intégré au programme des épreuves. Présent en tant que sport additionnel, il fera partie de la grande compétition, à Paris, les 9 et 10 août. Ce sont 32 danseurs du monde entier (France, Ukraine, Etats-Unis, Japon, Autriche…), soigneusement sélectionnés, qui y participeront. «Pour nous, c’est l’aboutissement de toutes ces années de pratique, d’enseignement et de partage de valeurs», assure Sadat Sekkoum, pratiquant en Moselle depuis trente ans et qui organise, avec son association Mixité, des événements en France, en Belgique voire au Luxembourg.
Une discipline mixte et accessible
Le style, de plus en plus en vogue, même dans les théâtres, est aisé à distinguer des autres danses. La plupart des mouvements s’enchaînent à même le sol sur les mains, le dos voire sur la tête. Ceux qui pratiquent à un niveau professionnel sont désignés comme B-Boys et B-Girls ou tout simplement breakers. «C’est physique, mais accessible. De plus en plus de filles s’illustrent dans la discipline qui demande de la technique, de l’acharnement mais aussi de l’écoute», souligne Sadat qui est tombé dedans à l’âge de 16 ans, lors d’un stage à Thionville consacré aux cultures urbaines.
Une révélation. «Ce qui m’a séduit c’est cette cohésion. On était issus de quartiers différents, mais lors des battles on était identiques. On s’est exprimés. C’est ça l’esprit du hip hop: le partage et l’entraide au-delà de la religion, des croyances politiques, du milieu social.»
Un coup de projecteur inédit
Ça a évolué en cinquante ans, encore plus ces derniers mois. Désormais on parle de breaking. «On a déjà tout gagné: on a enchaîné les initiations dans les écoles, on est sollicité pour des spectacles et des projets. On a attiré davantage de pratiquants. L’effet ne s’est pas fait attendre et même si à Los Angeles en 2028, il n’y aura pas de breakdance lors des JO, l’engouement ne s’essoufflera pas.» Car ce sport qui se veut complet physiquement et artistiquement accepte tout le monde. «Fille, garçon, petit, grand, gros, maigre, avec un handicap ou pas. On évolue et on progresse vite à conditions d’être motivé.»
Véritable phénomène mondial, «on estime à plus de 30 millions le nombre d’adeptes dont 80% ont moins de 18 ans», ce coup de projecteur a permis de rendre ses lettres de noblesse à une discipline hors du commun, car ne l’oublions pas, le breakdance appartient au peuple, «c’est une manière de penser, d’être et d’exister. Il me montre le chemin depuis trente ans».
Une pratique devenue un outil éducatif
Issu de la rue et de la culture hip hop, le breakdance est apparu au début des années 1970 aux États-Unis, dans le quartier du Bronx à New York, en même temps que le rap, le graffiti et le beat box. Le breakdance s’est développé dans des conditions particulières, dans un contexte difficile au milieu des gangs. Véritable vivier cosmopolite où chaque couche d’immigration a développé son style de danse, ce quartier de la Big Apple a fait parler de lui à l’époque.
Dans les années 1980, les médias se sont emparés du phénomène, propulsé par le cinéma entre Flashdance (1983), Breakin’ the Movie (1984) et Beat Street (1984). Bénéficiant d’une cote de popularité auprès des jeunes, dans les quartiers, le breakdance a gagné du terrain et est devenu un outil éducatif, riche en valeurs. Aujourd’hui, le break s’est professionnalisé et l’émergence des réseaux sociaux a bénéficié aux jeunes talents. Le phénomène a tapé dans l’œil de nombreuses marques dont Red Bull.
Article composé par Sabrina Frohnhofer