À l’occasion de ses 30 ans, SOS Faim a tenu une séance académique le lundi 16 octobre sur le thème : L’heure de se mettre à table : Quelles alliances pour transformer nos systèmes agricoles et alimentaires ?
Séance académique
C’est en présence de Son Altesse Royale la Grande-Duchesse Maria Teresa et du Ministre Claude Haagen que Raymond Weber, le Président de l’ONG, a évoqué les origines de SOS faim et sa constante implication auprès d’organisations paysannes du continent africain pour lutter contre la faim, selon une stratégie de « financement de dynamiques endogènes concernant tant la souveraineté alimentaire que le développement de processus démocratiques de gouvernance, tournés vers les transitions et le progrès social ».
Dans une ère de multicrises, il a mis en lumière la fragilisation croissante des pays ouest-africains qui se trouvent en première ligne des conséquences du réchauffement climatique et la responsabilité des politiques néolibérales dans la paupérisation de ces mêmes populations : « Pour nous, tout développement doit s’inscrire dans une approche fondée sur le respect et la réalisation des droits humains fondamentaux. Ce respect concerne non seulement les « résultats », mais aussi les processus et ne peut se faire que dans une démarche de participation démocratique. »
« Tout développement doit s’inscrire dans une approche fondée sur le respect et la réalisation des droits humains fondamentaux ».
Invités à donner leur analyse des causes de l’échec des systèmes agricoles et alimentaires actuels à garantir le droit à une alimentation saine et de qualité pour tous, les panelistes ont convergé vers une remise en cause des règles de l’OMC et ont exprimé la nécessité de fixer des barrières tarifaires aux importations pour permettre à l’Afrique de l’Ouest de développer ses filières agricoles à l’abri de la concurrence déloyale : « le libre-échange, c’est la liberté du loup dans la bergerie » a insisté Pascal GBENOU, fondateur de la ferme-école intégrée et agroécologique SAIN (au Bénin) et Président de la coordination ouest-africaine des interprofessions riz (CIP-RIZ-AO).
La difficulté d’accès au financement est également apparue comme un problème majeur, bloquant le développement de l’agriculture familiale et des pratiques agroécologiques face au rouleau compresseur de l’agro-industrie.
Les intervenants sont tombés d’accord
Les intervenants sont tombés d’accord pour estimer que la proposition de l’économiste togolais Kako Nubupko d’instituer un « protectionnisme écologique » aux portes du continent africain, en taxant les importations à la hauteur de leur empreinte écologique, serait une piste concrète et solide pour transformer les systèmes alimentaires et rompre avec les règles inéquitables du commerce international. Le Député européen Charles GOERENS a estimé que l’UE devrait apporter son appui technique pour réfléchir à la mise en place de cette mesure.
Afin de construire une émancipation vis-à-vis du système dominant pour bâtir des systèmes alimentaires qui non seulement produisent, mais parviennent à nourrir effectivement les populations de la planète, y compris les plus vulnérables, de manière saine et durable, les intervenants ont partagé des pistes concrètes, comme, par exemple au Bénin, les efforts pour la généralisation de l’usage de bio-intrants, en remplacement des engrais et pesticides chimiques devenus trop chers, voire inaccessibles, pour les exploitations familiales africaines.
Ces enjeux de transformation ont été définis comme cruciaux si l’on veut cesser de mettre en péril les équilibres écologiques, culturels et sociaux et respecter les droits humains.
« La souveraineté alimentaire et la mise en œuvre des droits des paysans doivent constituer un horizon partagé ; ils ont pour eux de dessiner un futur enviable », a insisté Geneviève SAVIGNY, Membre du Comité de la Coordination Européenne « Via Campesina », qui a poursuivi en saluant l’implication du Luxembourg et son rôle important pour encourager l’adoption par le Conseil des droits de l’homme à Genève, le 12 octobre dernier, de la Résolution pour l’adoption d’une Procédure Spéciale visant à promouvoir la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans adoptée en 2018.
La vice-présidente de SOS faim, Celine Depiesse, a proposé, en conclusion de la soirée de la séance académique, de renforcer encore la cohérence de la stratégie de SOS faim dans le soutien apporté aux acteurs de changement en Afrique, tout en déployant au Luxembourg de nouvelles activités de sensibilisation et de plaidoyer, ainsi que de soutien concret aux coopératives engagées pour la transition alimentaire.
En 2024, l’association ouvrira à Schifflange une Maison de la Transition alimentaire pour offrir un espace de réflexion et de débats, mais aussi d’ateliers pratiques, à toutes les personnes soucieuses de voir se généraliser l’accès à une alimentation respectueuse de la santé, du vivant et des cultures. « 30 ans, c’est long quand on veut voir le changement advenir » a conclu Celine Depiesse, en exprimant le souhait que l’objectif social de SOS faim soit atteint avant son 60ème anniversaire…
Brève présentation de SOS Faim
SOS Faim a été créée en 1993 au Luxembourg pour lutter contre la faim et la pauvreté dans le monde en promouvant une autre forme d’agriculture, plus résiliente et solidaire. SOS Faim ne distribue pas de denrées alimentaires, mais déploie des programmes d’appui à long terme en partenariat avec 23 acteurs engagés pour le développement de l’agriculture familiale durable dans sept pays africains (Bénin, Burkina Faso, Éthiopie, Mali, Niger, République Démocratique du Congo et Sénégal).
Ces acteurs sont soit des Organisations Paysannes, soit des Institutions de Microfinance, ou encore des organisations de défense des droits humains. SOS Faim agit non seulement pour la transformation des systèmes agricoles et alimentaires dans les pays du sud, mais encourage également une consommation alimentaire responsable au Luxembourg.
Contact SOS Faim
SOS Faim Luxembourg
17-19, avenue de la Libération L-3850 Schifflange
Tél. : + 352 49 09 96 info-luxembourg@sosfaim.org
Communiqué de presse SOS Faim Luxembourg
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