Le quatrième rapport mondial de l’OMS sur l’évolution de la prévalence de la consommation de tabac, publié le 16 novembre, montre que les consommateurs de tabac sont actuellement 1,30 milliard dans le monde, contre 1,32 milliard en 2015. D’après les prévisions, ils devraient être 1,27 milliard en 2025.
Des politiques anti-tabac qui peuvent être efficaces
Soixante pays sont maintenant en passe d’atteindre la cible volontaire mondiale d’une réduction de 30 % de la consommation de tabac entre 2010 et 2025 ; il y a deux ans, seuls 32 pays étaient sur la bonne voie.
Des millions de vies ont été sauvées grâce aux politiques de lutte antitabac efficaces et complètes relevant de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac et du programme MPOWER, ce qui représente un beau succès dans la lutte contre l’épidémie de tabagisme.
« Il est très prometteur de constater que les consommateurs de tabac sont moins nombreux chaque année, et que davantage de pays sont en passe d’atteindre les cibles mondiales », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS. « Il reste encore un long chemin à parcourir, et les sociétés productrices de tabac tenteront toujours par tous les moyens de défendre les immenses profits qu’elles accumulent en distribuant leurs marchandises meurtrières. Nous invitons tous les pays à utiliser au mieux les différents outils efficaces à leur disposition pour aider les gens à se sevrer du tabac, et ainsi sauver des vies. »
Le rapport exhorte les pays à accélérer la mise en application des mesures présentées dans la Convention-cadre de l’OMS dans le but de réduire encore le nombre de personnes risquant de contracter une maladie liée au tabac et d’en mourir.
« Il ne fait aucun doute que la lutte antitabac porte ses fruits, et nous avons l’obligation morale vis-à-vis de nos populations d’aller résolument de l’avant pour atteindre les objectifs de développement durable », explique le Dr Ruediger Krech, directeur du Département Promotion de la santé à l’OMS. « Nous constatons des avancées considérables dans de nombreux pays, et cela est dû à la mise en application des mesures de lutte antitabac relevant de la Convention-cadre de l’OMS. Cette réussite reste néanmoins précaire et nous ne devons pas en rester là. »
L’OMS a publié un nouvel argumentaire d’investissement en faveur de la lutte antitabac, dans lequel il apparaît qu’investir 1,68 USD par personne et par an dans des interventions de sevrage tabagique reposant sur des bases factuelles, par exemple les conseils ponctuels, un service téléphonique national gratuit ou une aide au sevrage par SMS, pourrait aider 152 millions de consommateurs de tabac à se sevrer d’ici à 2030, ce qui sauverait des millions de vies et contribuerait à long terme à la croissance économique des pays.
Pour faciliter ce processus, l’OMS a créé un collectif pour le sevrage tabagique, au sein duquel se réuniront des partenaires dans le but de soutenir les pays dans leurs efforts visant à accélérer le sevrage tabagique.
Le rapport et l’argumentaire d’investissement sont publiés juste après la clôture de la neuvième session de la Conférence des Parties (COP9) et pendant la deuxième session de la Réunion des Parties au Protocole pour éliminer le commerce illicite des produits du tabac (MOP2).
Les délégués se réunissent pour mettre à mal l’ambition de l’industrie du tabac d’attirer des millions de personnes dans ses filets, alors qu’il est apparu récemment que cette industrie a utilisé la pandémie de COVID-19 pour augmenter son influence auprès des gouvernements de 80 pays.
Principales conclusions du rapport mondial de l’OMS sur l’évolution de la prévalence de la consommation de tabac 2000-2025
En 2020, 22,3 % de la population mondiale consommait du tabac (36,7 % des hommes et 7,8 % des femmes dans le monde).
Cible : À l’heure actuelle, 60 pays sont en passe d’atteindre la cible d’une réduction de 30 % de la consommation de tabac d’ici à 2025. Depuis le dernier rapport publié il y a deux ans, deux autres Régions – la Région africaine et la Région de l’Asie du Sud-Est – ont rejoint la Région des Amériques sur la voie d’une réduction de 30 %.
Enfants : Environ 38 millions d’enfants (âgés de 13 à 15 ans) consomment actuellement du tabac (13 millions de filles et 25 millions de garçons). Dans la plupart des pays, les enfants n’ont légalement pas le droit d’acheter des produits du tabac. L’objectif est de faire en sorte qu’aucun enfant ne consomme des produits du tabac.
Femmes : En 2020, le nombre de consommatrices de tabac était de 231 millions à l’échelle mondiale. La tranche d’âge des 55-64 ans est celle dans laquelle le taux de prévalence du tabagisme est le plus élevé chez les femmes.
Tendances régionales :
Tendance dans la Région OMS des Amériques : De toutes les Régions de l’OMS, c’est dans la Région des Amériques qu’a été enregistrée la chute la plus brutale des taux de prévalence au fil du temps. Le taux moyen de tabagisme est passé de 21 % en 2010 à 16 % en 2020.
Tendance dans la Région africaine de l’OMS : Cette région présente le taux moyen de tabagisme le plus faible. Il est passé de 15 % en 2010 à 10 % en 2020.
Région européenne de l’OMS : En Europe, 18 % des femmes consomment encore des produits du tabac, ce qui est un taux bien supérieur à celui des autres Régions. Les Européennes sont celles qui tardent le plus à cesser de consommer du tabac. Toutes les autres Régions de l’OMS sont en passe de réduire les taux de tabagisme chez les femmes d’au moins 30 % d’ici à 2025.
Tendance dans la Région OMS de la Méditerranée orientale : Le Pakistan est le seul pays de cette Région bien parti pour atteindre la cible de réduction du tabagisme. Quatre des six pays du monde dans lesquels la consommation de tabac est en hausse se trouvent dans cette Région.
Tendance dans la Région OMS de l’Asie du Sud-Est : La Région présente actuellement les taux de tabagisme les plus élevés, avec environ 432 millions de consommateurs, soit 29 % de la population. En revanche, c’est également la Région dans laquelle la consommation de tabac baisse le plus rapidement. Cette Région devrait atteindre des taux de tabagisme semblables à ceux de la Région européenne et de la Région du Pacifique occidental d’ici à 2025.
Tendance dans la Région OMS du Pacifique occidental : Cette Région devrait devenir celle où le taux de tabagisme parmi les hommes sera le plus élevé, avec plus de 45 % d’hommes consommant toujours du tabac en 2025.
Mesures stratégiques : Il est probable qu’un pays sur trois atteindra l’objectif de réduction de 30 % et, à l’heure actuelle, les pays à revenu faible sont ceux qui accomplissent les progrès les plus importants en matière de lutte contre le tabagisme. Les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure sont, en moyenne, ceux qui progressent le moins dans la réduction du tabagisme. La qualité des données de 29 pays environ est faible ou insuffisante pour déterminer la tendance, ce qui nécessite de mettre en place un suivi supplémentaire.
Les données qui sous-tendent ces estimations sont issues de 1 728 enquêtes nationales menées par les pays entre 1990 et 2020, dans le cadre desquelles a collectivement été interrogée 97 % de la population mondiale sur sa consommation de tabac. L’article 20 de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac souligne combien il est important de mener des enquêtes pour collecter des données factuelles sur l’épidémie de tabagisme.
À l’heure actuelle, 190 pays ont mené au moins une enquête nationale, alors qu’ils étaient 140 en 2004 avant l’entrée en vigueur du traité. L’OMS et ses partenaires ont largement œuvré à combler les lacunes relatives aux données concernant les pays à revenu faible ou intermédiaire par l’intermédiaire des enquêtes du Système mondial de surveillance du tabagisme, de l’enquête STEPS et de l’enquête sur la santé dans le monde.
Faits saillants de l’argumentaire d’investissement en faveur de la lutte antitabac
Pour atteindre les cibles mondiales de réduction du tabagisme, les services de sevrage doivent prendre de l’ampleur et les mesures de lutte antitabac doivent être renforcées. Le fait de proposer des services de sevrage peut accélérer la tendance à la baisse de la prévalence de la consommation de tabac, ce qui permet de sauver davantage de vies et de préserver la santé de davantage de personnes.
Les interventions de sevrage à l’échelle de la population comprennent les conseils ponctuels, un service téléphonique national gratuit d’aide au sevrage tabagique et mCessation (une aide par SMS). Ces interventions ne coûtent pas très cher, mais l’investissement peut s’avérer très rentable en une dizaine d’années. Les interventions pharmacologiques, notamment le traitement de substitution nicotinique, le bupropion et la varénicline, sont plus onéreux mais ont prouvé leur efficacité.
Les données provenant de 124 pays à revenu faible ou intermédiaire sont utilisées pour générer cette analyse.
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