Les consultantes en lactation certifiées IBCLC (International Board Certified Lactation Consultant) proposent un accompagnement personnalisé aux mamans qui désirent allaiter. Nous avons rencontré Julie Péchard, sage-femme référente de l’équipe de consultantes en lactation des Hôpitaux Robert Schuman (HRS), afin de nous expliquer leur rôle et leurs missions.
Le rôle d’une consultante en lactation est de promouvoir l’allaitement maternel. La consultante en lactation est une soignante spécialisée en lactation humaine qui possède une grande expérience diagnostique. Son rôle est de soutenir les futurs parents et les parents afin qu’ils aient la possibilité de faire des choix éclairés en matière d’allaitement des nouveau-nés. La consultante en lactation est également formée en relation d’aide et spécialisée dans le lien mère-enfant. Elle est capable de reconnaître les pathologies qui peuvent survenir lors de l’allaitement (mastite, crevasses…) et d’y remédier en collaboration avec le médecin. La consultante en lactation a également un rôle essentiel auprès des équipes de soins puisqu’elle favorise le partage et la mise à jour des compétences/connaissances.
Julie Péchard : « La cohérence des discours est très importante dans le cadre de l’accompagnement que nous proposons autour de l’allaitement maternel. Dans le Pôle Femme, Mère, Enfant des HRS nous avons la chance d’avoir une équipe de dix consultantes en lactation qui sont garantes d’une grande expertise clinique et qui ont toutes suivi la formation spécifique qualitative IBCLC. Il s’agit de la seule certification reconnue internationalement au niveau de l’allaitement maternel et qui permet d’accompagner de façon optimale les parents dans leur projet d’allaitement. Ces professionnels doivent suivre une formation continue et repasser un examen pour garder leur titre. Cela permet de découvrir de nouvelles techniques, d’interroger les pratiques et de garantir une prise en charge actualisée et qualitative. »
La prise en charge aux HRS
Les consultantes en lactation accompagnent les parents avant et après la naissance de l’enfant. Elles proposent des séances prénatales en groupe et un accompagnement individuel jusqu’au sevrage de l’enfant. Julie Péchard : « Nous sommes fiers d’avoir pu garder le contact avec nos patientes dès le début de la pandémie de COVID-19 grâce à nos séances prénatales sous forme de webinaires. Ces échanges en ligne sont donnés par une consultante en lactation qui présente l’allaitement dans sa globalité mais répond aussi aux questions individuelles. »
Pour le suivi individuel des mamans, des consultations sont organisées en maternité. Les consultantes en lactation voient les patientes après leur accouchement afin de s’assurer d’un bon démarrage de la lactation mais aussi de prendre en soin un allaitement difficile (douleurs lors de l’allaitement, prématurité de l’enfant, enfant avec une fente labiale…). Il faut savoir que les trois premiers jours sont les plus importants pour assurer de façon optimale la poursuite de l’allaitement à moyen et à long terme.
Une fois rentrées à la maison, les mamans qui ont accouché aux HRS peuvent prendre un rendez-vous en ambulatoire pour réaliser un suivi de leur allaitement jusqu’au sevrage de leur enfant. « Ces consultations peuvent concerner des problèmes d’engorgement, de mastite… qui arrivent souvent le premier mois d’allaitement mais on rencontre de plus en plus de patientes qui viennent plus tard, par exemple pour la reprise du travail et qui veulent adapter leur allaitement. Nous répondons aussi à leurs questions concernant la diversification alimentaire et le sevrage à l’allaitement. », précise Julie Péchard.
Enfin, des consultations en externe sont également proposées. Elles ont lieu du lundi au vendredi matin à la Policlinique gynéco-obstétrique. Le numéro d’appel est le (+352) 263339020.
Bien se préparer à l’allaitement
Le projet d’allaitement peut véritablement se préparer avant l’accouchement. Lors des séances prénatales, les consultantes en lactation vont, à l’aide de différents supports et vidéos, aider les parents à décoder le système de communication et d’adaptation de leur bébé à la vie extra-utérine. « Nous leur montrons les signes d’éveil de leur bébé et nous leur apprenons d’autres notions spécifiques pour qu’ils puissent anticiper les phases de sommeil et d’éveil de leur bébé et être au plus proches des besoins de leur enfant, notamment lors de l’allaitement. », explique Julie Péchard.
Elle ajoute : « Les séances prénatales et l’accompagnement des parents par l’équipe multidisciplinaire pendant le séjour à la maternité vont être essentiels. Nous accompagnons les parents dans les soins et les besoins de leur nouveau-né, tout en étant dans une démarche patient-partenaire. Nous faisons toujours en sorte de rendre les mamans autonomes, de les aider à allaiter leur enfant durant leur hospitalisation à la maternité afin qu’elles puissent gérer sereinement une fois rentrées à la maison. »
Par ailleurs, il est important que les futures mamans créent leur propre réseau afin qu’elles puissent compter sur leurs proches et leurs connaissances à domicile. Julie Péchard : « Pour préparer et anticiper au mieux le retour à domicile, les consultantes en lactation informent les parents avant leur départ de tout ce qui existe comme relais extérieurs (en plus des consultations externes proposées au pôle Femme, Mère, Enfant), tels que les sages-femmes libérales et les associations nationales d’allaitement (Association des consultantes en lactation, Initiativ Liewensufank avec la Baby Hotline, la Leche Ligue (organisation internationale pour l’allaitement…). »
Sur la plateforme santé des Hôpitaux Robert Schuman, acteurdemasante.lu, les parents peuvent également trouver beaucoup d’informations sur la grossesse, l’allaitement et le développement de l’enfant.
Des nouveautés ?
En mars 2020, pendant le premier confinement, les consultantes en lactation du pôle Femme, Mère, Enfant des HRS ont créé un livret de suivi d’allaitement intitulé « Mon succès de l’allaitement ». Remis aux parents lors de leur séjour en maternité, il contient les principaux conseils pour réussir l’allaitement pendant et après le séjour à la maternité. Julie Péchard commente : « Ce livret est un support idéal pour accompagner les mères dans leur processus d’allaitement. Ludique, il donne également une information claire et complète sur la physiologie de la lactation. Cet outil d’évaluation permet également d’identifier les critères d’efficacité d’alimentation du bébé et les signes d’appel qui pourraient nécessiter une consultation, une fois le retour à domicile. »
Depuis cette année, une nouvelle organisation interne a été mise en place pour permettre la présence d’une consultante en lactation tous les jours à la Clinique Bohler. Cette meilleure organisation permet ainsi de répondre rapidement aux besoins des patientes qui ont des allaitements difficiles ou de celles qui viennent consulter en externe.
Les freins à l’allaitement
L’OMS recommande 6 mois d’allaitement maternel exclusif, et l’allaitement au sein doit se poursuivre en complément de l’alimentation solide jusqu’à l’âge de 2 ans de l’enfant. Si l’allaitement maternel peut être une expérience aisée et intuitive pour certaines femmes, d’autres rencontreront des difficultés lors de la lactation (douleurs lors de la mise au sein du bébé, sensation de manquer de lait, troubles de la succion, manque de soutien de l’entourage, isolement social, dépression du post-partum et persistance d’idées reçues ou de fausses croyances au sujet de l’allaitement…). Ces freins peuvent compliquer la mise en route de l’allaitement ou perturber la durée de l’allaitement. « L’allaitement doit rester un plaisir pour la dyade… En cas d’échec à l’allaitement ou de difficultés rencontrées, les consultantes en lactation ont un rôle de soutien, d’écoute, d’empathie et de réassurance. Il existe toujours une solution à chaque problème/difficulté. Pour favoriser la production de lait maternel, il est possible de pratiquer le massage manuel ou d’utiliser le tire-lait ou le Power-Pumping qui est une technique de pompage… Si le nouveau-né n’arrive pas à téter correctement, on peut utiliser le peau à peau ou l’usage d’une cuillère. Nous pouvons également prodiguer des conseils dans le choix des laits artificiels si l’allaitement maternel devrait être stoppé, etc. », explique Julie Péchard.
« Aux HRS, nous sommes dans une dynamique de promotion de l’allaitement, et surtout dans une dynamique d’accompagnement professionnel. L’OMS rappelle que le lait maternel offre à chaque enfant le meilleur départ possible dans la vie. En tant que professionnel de la santé, notre rôle est de mettre en place une éducation à la santé dans le but de promouvoir l’allaitement maternel. Toutefois il nous semble important d’informer de façon éclairée les patientes et les futurs parents afin que chacun puisse s’interroger quant au choix de l’alimentation de son futur enfant. Nous sommes dans une démarche d’accompagnement bienveillant, respectueux, sans jugement quel que soit le choix des parents en matière de nutrition de leur enfant. », affirme la consultante en lactation.