L’espoir de mettre fin aux mutilations génitales féminines dans le monde

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La Journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines a lieu chaque année le 6 février. À cette occasion, la Fondation Follereau se mobilise tous les ans, en collaboration avec l’ONG PADEM ainsi que la Ville de Luxembourg, pour sensibiliser le public luxembourgeois à cette thématique. Venez donc nombreux découvrir l’exposition « Non d’une femme ». Celle-ci est installée au centre commercial de la Cloche d’or, du 5 au 13 février 2021. Pour vous informer et vous sensibiliser aujourd’hui sur le sujet des mutilations génitales féminines, la Fondation Follereau nous a mis en contact avec l’un de ses partenaires locaux : l’AAB-FFL au Burkina Faso. Interview. 

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit les mutilations génitales féminines (MGF) comme étant des « interventions aboutissant à une ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme et/ou tout autre lésion des organes génitaux féminins pratiquée à des fins non thérapeutiques ».

Si les MGF constituent une violation des droits fondamentaux des filles et des femmes, pourquoi existent-elles encore ?

Claudine Ouedraogo, gestionnaire de projet MGF à l’AAB-FFL : « Les populations sont sensibilisées à la question à travers une lutte qui dure depuis les années 90. Cependant, la pratique ne cesse de continuer car elle fait partie des normes sociales très ancrées dans les cultures. La pratique de l’excision persiste au regard des pesanteurs socioculturelles, du poids de certaines traditions et de l’interprétation divergente de certains textes religieux (musulmans). »

Quels sont les pays les plus concernés dans le monde ? Le taux de mutilations reste-t-il encore élevé au Burkina Faso ?

Claudine Ouedraogo : « En Afrique, l’excision est pratiquée dans 28 pays, dont le Burkina Faso. Les pays les plus concernés sont la Guinée, le Mali, la Gambie, le Sierra Leone et la Mauritanie. Le taux de prévalence au Burkina est en nette régression, nous sommes passés en 2010 de 13,3% pour la tranche d’âge de 0-14 ans à 11,3% en 2015. »

Quelles peuvent être les répercussions physiques et mentales chez les victimes ?

Claudine Ouedraogo : « Les conséquences des MGF sont nombreuses, autant sur le plan physique que mental. Parmi les conséquences physiques, on peut citer les chéloïdes/les kystes, la frigidité, la dyspareunie, le sida, les fistules vésico-vaginales ou recto-vaginales, un accouchement difficile avec déchirure du périnée, souffrance foetale, etc. L’atteinte psychologique conduit souvent à la folie, à la dépression ou au suicide. »

Avez-vous en tête un témoignage qui vous a marqué et dont vous voudriez nous faire part ?

Claudine Ouedraogo : « Le cas de la petite Sally est particulièrement significatif. Excisée à 14 ans et mariée de force à 15 ans, Sally tomba rapidement enceinte. Le jour de l’accouchement, Sally resta en travail très longtemps à la maison. Son enfant n’a finalement pas survécu. Sally était inconsolable, mais elle ne savait pas qu’un autre problème l’attendait… Elle ne s’alarma pas lorsqu’elle constata des fuites urinaires. Tout le monde la rassurait en lui disant que, souvent après l’accouchement, cela peut survenir quelques jours. Une semaine passa, puis 2 puis 3 et ainsi de suite mais l’état de Sally s’empirait. Au bout d’une année, le mari de Sally et son entourage ne la supportait plus parce qu’elle trainait avec elle une odeur d’urine constante. Son mari fini par la répudier. Sally retourna dans sa famille. Et à travers ses recherches, elle finit par trouver la Fondation Rama d’aide aux femmes victimes de fistules obstétricales. Grâce à cette fondation, Sally bénéficia de plusieurs interventions (6 environs). Aujourd’hui, Sally est plus épanouie, elle va beaucoup mieux physiquement et mentalement même si elle ne pourra plus avoir d’enfant à cause de son accouchement. Elle garde le moral. Elle a retrouvé une nouvelle famille et la joie de vivre à la Fondation. »

Sally et MGF
L’histoire de Sally n’est pas rare. Les MGF sont encore trop répandues dans certains pays du monde.

Que fait votre organisation pour mettre fin aux mutilations génitales féminines ?

Claudine Ouedraogo : « Nous organisons des activités de sensibilisation (discussions éducatives, théâtre fora, jeux radiophoniques et grand public, plaidoyers…), des formations dédiées aux enseignants, aux Infirmiers Chefs de Poste (ICP), aux Agents de Santé à Base Communautaire (ASBC), aux tradipraticiens, aux ex-exciseuses et exciseurs. La formation des exciseuses et leur implication en tant que relais communautaire est une des plus grandes réussites de AAB/FF dans la lutte contre les MGF. Nous avons été les premiers à avoir pu aboutir à un résultat satisfaisant dans l’expérimentation de cette activité très délicate. La prise en charge des séquelles d’excisions fait également partie de nos activités. »

Quels sont les freins actuels qui empêchent l’élimination totale de cette pratique aujourd’hui ?

Claudine Ouedraogo : « Ce sont essentiellement la coutume ou la tradition, la pression sociale/le conformisme social (pour éviter le risque de discrimination et d’exclusion) ainsi que les considérations d’ordre religieux. Les motifs avancés sont que le clitoris est un organe malsain, viril qui gêne l’homme lors des rapports sexuels; et que donc l’excision est un moyen de préserver la virginité de la jeune fille jusqu’au mariage et la fidélité des femmes mariées. Les MGF sont explicitement présentées comme un moyen de contrôle de la sexualité féminine… »

Un message pour sensibiliser les Luxembourgeois et les inciter à faire un don à la Fondation Follereau pour soutenir votre projet au Burkina Faso ?

Claudine Ouedraogo : « Au regard de la baisse progressive des taux de prévalence, on peut affirmer que la lutte contre les mutilations génitales féminines donne des résultats notables. Avec les résultats qui ont été atteints, il s’agit de ne pas baisser la garde. Tous les résultats ont été obtenus grâce aux donateurs luxembourgeois à travers la FFL. Il serait souhaitable de ne pas baisser la garde et de continuer ces efforts. Nous avons réussi à diminuer les taux dans une zone d’intervention (Sissili 2015-2018). Nous venons de terminer notre intervention en fin 2020 dans une seconde zone (KOULPELOGO 2019-2020) et nous allons débuter en cette nouvelle année 2021 une nouvelle zone (TUY 2021-2023). Nous sollicitons toujours l’accompagnement de plus de donateurs pour pouvoir couvrir plus de zones dans notre pays. La tolérance zéro n’est pas encore effective, et elle le sera que grâce à une implication plus agissante de chacun(e) et de tous(tes). »

Pourra-t-on espérer un jour qu’il n’y ait plus de mutilations génitales féminines au Burkina Faso (et dans le monde) ?

Claudine Ouedraogo : « C’est grâce à la jeunesse que nous allons pouvoir trouver une porte de sortie pour mettre fin aux MGF. Le Burkina Faso l’a compris et implique aujourd’hui de plus en plus la jeunesse dans cette lutte pour couper l’arbre à la racine. Un bel exemple : nous sommes en train d’expérimenter un programme d’insertion des MGF dans les curricula d’enseignements. »

Je suis optimiste. Les MGF seront éradiquées à moyen ou long terme si la dynamique actuelle au plan mondial se poursuit et se renforce.

Merci à Claudine Ouedraogo, gestionnaire de projet MGF à l’AAB-FFL et à Aurélie Constantini, chargée de communication à la Fondation Follereau.

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