HRS : Réorganisation du Pôle Psychiatrie en période de pandémie Covid-19

Psychiatrie aux HRS
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Directeur Médical du Pôle Psychiatrie des Hôpitaux Robert Schuman (HRS), le Dr Jean-Marc Cloos revient sur la manière dont la psychiatrie a dû s’adapter face à la crise sanitaire liée au Covid-19. 

Durant le confinement, les personnes déjà atteintes de troubles psychiques ont évité les services ambulatoires de santé mentale et l’hôpital, par peur d’être infectées. Elles ont dû également faire face à une réduction de l’offre de soins en santé mentale, avec éventuellement une perte de contact avec leur thérapeute et l’arrêt de leur traitement psychopharmacologique. 

Dr Cloos : « Un certain nombre de ces patients ont fini par faire une décompensation psychique aiguë. Lors de la deuxième moitié de la période du confinement et, plus encore, lors du déconfinement, ils se sont dès lors présentés au service des Urgences pour divers motifs: troubles dépressifs majeurs, troubles anxieux, surconsommation de substances (alcool surtout), troubles psychotiques aigus, états de stress post-traumatiques, troubles psychosomatiques, etc. Par ailleurs, nous avons pu observer une augmentation des tentatives de suicides chez ce profil de patients. »

Dr Cloos, psychiatre aux HRS
Dr Jean-Marc Cloos, Directeur Médical du Pôle Psychiatrie des Hôpitaux Robert Schuman.

Soins en psychiatrie et Covid-19

Durant la période de confinement, les patients psychiatriques COVID+ ayant nécessité une « mise en observation » (hospitalisation en psychiatrie fermée) ont été transférés au Centre Hospitalier du Nord (CHdN).  « Finalement, nous avions eu très peu de cas de ce genre. C’est pourquoi, actuellement, chaque hôpital garde en interne ses propres patients psychiatriques atteints de Covid-19. Des contacts réguliers se maintiennent toutefois entre les centres hospitaliers pour analyser ensemble l’évolution de la pandémie au Luxembourg. », précise le Dr Cloos. 

Les patients psychiatriques COVID+, qui ne peuvent être traités en ambulatoire ou être renvoyés en quarantaine au domicile, sont installés dans une sous-unité COVID+ située à l’étage 1C (15 lits) de la psychiatrie adulte des Hôpitaux Robert Schuman. La construction d’une cloison a permis de diviser l’unité « 1C » en une sous-unité non-COVID et une sous-unité COVID+ (min. 2 lits – max. 5 lits). « La prise en charge 24h sur 24 de ces patients COVID+ requière la mobilisation de trois ETP infirmières et nécessite donc le recrutement de personnel supplémentaire. Ce que nous n’avons  toujours pas. », déplore le Dr Cloos. 

Lorsqu’un patient est suspecté d’être infecté, il est mis en observation dans une chambre du service de psychiatrie. L’hôpital de jour adulte reste quant à lui fermé jusqu’à présent. Il est certain que les HRS vont devoir garder une telle organisation du pôle Psychiatrie en attendant la mise sur le marché d’un vaccin sûr et efficace. 

Dr Cloos : « Comme dans d’autres spécialités médicales, il faut veiller à ce qu’aucun patient ne soit atteint du Covid-19. Jusqu’à présent, aucune transmission du virus d’un patient à un autre n’a été mise en évidence. Certains patients psychiatriques ont des difficultés à respecter les gestes barrières. Le personnel soignant doit donc constamment leur rappeler l’importance d’appliquer de telles mesures. »

Pour limiter au maximum la propagation du Covid-19 en interne, trois autres mesures ont été prises: 

  • Système de téléconsultation médicale (qui pourrait être réactivé si besoin).
  • Visites des patients limitées à une demi-heure.
  • Sorties extérieures acceptées uniquement pour raisons valables. 

Soutien psychologique aux soignants

Dès le mois de mars, un groupe SUPPORT PSY HRS a été mis en place, avec des recommandations psycho-hygiéniques et phytothérapeutiques. « Ce dispositif a permis de soutenir psychologiquement le personnel soignant en première ligne qui a dû faire face à une charge mentale importante et à une hausse de la charge de travail (avec une liberté d’organisation et une marge de manœuvre réduite). A cela s’ajoutait pour les médecins surtout, une absence de valorisation pécuniaire de leur travail depuis la mi-mars et un manque de soutien de la part de la CNS. », commente le Dr Cloos. « Beaucoup de médecins, surtout ceux travaillant aux urgences mais aussi en psychiatrie, songent à changer de milieu de travail, loin de l’hôpital. »

Les demandes d’aide auprès du GROUPE PSY ont été plutôt faibles durant les premières semaines, et ont augmenté par la suite. Ce dispositif restera en place pendant plusieurs mois. Une nécessité, selon le Dr Cloos : « Le personnel soignant est à bout de souffle après la première et l’actuelle seconde vague. Des décompensations anxio-dépressives avec risque de burnout sont à craindre. »

La population, en mal-être psychologique ?

Selon les résultats de l’étude STATEC, publiée le 2 juillet 2020, un résident sur trois déclare que sa santé mentale s’est détériorée pendant la crise sanitaire liée au Covid-19. 

Les facteurs stressants durant le confinement (frustration, peur d’être contaminé, ennui, informations imprécises, etc.) et les soucis financiers post-confinement peuvent être à l’origine d’une précipitation ou d’une aggravation de troubles mentaux (dépression, anxiété, TOC, etc.) au sein de la population générale. Le nombre d’admissions en psychiatrie risque d’augmenter au cours des prochains mois. 

Pour réduire la détresse psychique liée à la pandémie de Covid-19, plusieurs solutions existent :

  • Maintenir un sommeil réparateur, prendre des repas réguliers et pratiquer une activité physique,
  • Limiter la consommation d’alcool, de tabac et d’autres drogues,
  • Partager avec ses proches ses inquiétudes et préoccupations,
  • Mettre en place des stratégies d’apaisement (exercices de respiration, etc.),
  • Pratiquer des passe-temps et des activités agréables. 

Nous observons une hausse du nombre de cas  psychiatriques aux urgences depuis 3 mois.

La psychiatrie aux HRS

Le Service de psychiatrie aiguë des HRS se compose de trois Unités d’Hospitalisation Aiguë au site Hôpital Kirchberg (HK), ainsi que d’une Unité d’Addictologie-Hépatologie, avec une Consultation d’Addictologie, et une Unité de Médecine Psychosomatique au site ZithaKlinik. 

Le Service National de Psychiatrie Juvénile se compose d’une Unité d’hospitalisation au site HK, d’un Hôpital de Jour, situé à Esch-sur-Alzette dans la Maison Médicale de la Clinique Ste Marie et d’un Service de Détection et d’Intervention Précoce, situé à Luxembourg-Ville.

Sources : 

  • Interview du Dr Jean-Marc Cloos, Directeur Médical du Pôle Psychiatrie des HRS.
  • Dr Cloos et al., Impact de la crise Covid-19 sur le pôle psychiatrie HRS, 4 mai 2020.
  • « Traduction des recommandations du CSTS : Center for the Study of Traumatic Stress. Prendre soin des patients ambulatoires pendant l’épidémie de Coronavirus: conseils de base ». Fiche traduite par le Dr Claire Jaffré (psychiatre, doctorante en neurosciences).
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