Le Docteur Pit Duschinger est gynécologue-sénologue, agrégé de l’enseignement supérieur à l’Université du Luxembourg. Il fait partie de la Chambre des Experts du Luxembourg et est Président de la Société Luxembourgeoise de Gynécologie et d’Obstétrique.
Le Docteur Pit Duschinger est également membre du Comité d’Europa Donna Luxembourg (EDL) depuis 2023. Il guide le comité d’EDL dans les questions purement médicales. Mariette Fischbach, Présidente d’Europa Donna, nous confiait qu’il était un membre très humain, compréhensif, compétent et toujours accessible. Nous l’avons rencontré afin d’aborder différentes questions avec lui.
Parcours et engagement Docteur Pit Duschinger
Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel et ce qui vous a conduit à vous spécialiser en gynécologie et obstétrique?
Pour moi, cette décision a été prise très tôt, car j’ai énormément apprécié la richesse intellectuelle de cette profession dès la fin de mes études de base. J’ai toujours aimé la complexité de tout ce que représente la gynécologie: l’endocrinologie, la chirurgie, l’obstétrique et bien sûr sa partie extrêmement importante qui est l’oncologie gynécologique. Mon travail est passionnant et je l’aime autant aujourd’hui qu’il y a 30 ans. J’adore avant tout la chirurgie conservatrice et la chirurgie onco-plastique et reconstructrice dans les traitements du cancer du sein.
J’ai eu beaucoup de chance dans ma vie professionnelle. Suite à la démission dans notre hôpital universitaire d’un des chirurgiens plasticiens du sein, nous nous sommes rapidement retrouvés dans une sorte de pénurie en chirurgiens du sein, ce qui m’a amené à faire une sur-spécialisation en chirurgie onco-plastique du sein après mes études de gynécologie et d’obstétrique avec l’appui de mon chef de département. Je suis donc revenu à Luxembourg en 1991 comme gynécologue spécialisé en chirurgie du sein.
Qu’est-ce qui vous a motivé à rejoindre l’association Europa Donna et quel est votre rôle au sein de cette organisation?
Puisque le traitement du cancer du sein et l’éducation, aussi bien universitaire que sous forme de conférences de sensibilisation pour le grand public en matière de cancer du sein, ont toujours été mon grand dada, ce fut une évidence d’accepter tout de suite quand Europa Donna Luxembourg m’a demandé de rejoindre leurs rangs et de faire partie de leur comité. Cette demande d’EDL était un très grand honneur pour moi. Depuis lors je suis devenu en quelque sorte un porte-parole pour les sujets plus scientifiques. Toutes ces femmes, membres du comité d’Europa Donna Luxembourg, sont très engagées et leur travail est admirable. C’est un groupe de passionnées pour l’aide aux patientes atteintes d’un cancer du sein.
Santé des femmes et prévention
Quels sont, selon vous, les principaux obstacles au dépistage précoce du cancer du sein?
Pour moi, le principal obstacle au dépistage précoce est la désinformation des patientes. Les médecins gynécologues devraient davantage insister sur l’autopalpation chez les jeunes patientes et systématiquement faire des examens des seins à chaque examen gynécologique.
Cela n’est malheureusement pas toujours fait. En plus il faudrait plus d’informations concernant la prévention et le dépistage du cancer du sein dans les cabinets de médecine générale afin de faire une sensibilisation très large de la population. Une autopalpation en fin de règles prend 2 minutes. C’est quelque chose que la femme doit apprendre à faire: examiner ses seins au bon moment du cycle.
Quelles pratiques recommandez-vous pour la prévention et le dépistage du cancer du sein?
Comme déjà discuté, l’autopalpation des seins reste incontournable dans le dépistage du cancer du sein. Pour le reste nous avons à notre disposition tout un arsenal de moyens techniques pour réaliser des diagnostics très précis et très précoces: échographies, mammographies, tomosynthèse, IRM, scanners. Des radiologues spécialistes en interprétation des pathologies des seins sont à notre disposition dans les quatre grands hôpitaux à Luxembourg.
En cas de suspicion de diagnostic posé au cabinet, on peut, maintenant en très peu de temps, avoir recours à ces spécialistes en imagerie et donc éviter une perte de temps et donc une perte de chances pour la patiente concernée. Il n’y a aucune raison de ne pas faire de diagnostic d’imagerie, même chez des patientes très jeunes, en cas de suspicion.
Sensibilisation et Octobre Rose
Quel message souhaitez-vous transmettre aux lecteurs en cette période d’Octobre Rose?
Octobre Rose est devenu une sorte d’institution et c’est très bien. Il faut bien considérer les statistiques de cancers du sein. Dans les pays répertoriés et ayant des statistiques valables, on parle d’une femme sur huit qui est touchée. Ces cancers du sein n’ont rien à voir avec les cancers familiaux, les cancers génétiques.
Quand on est une femme, on a 1 risque sur 8 d’avoir un cancer du sein, c’est une maladie très fréquente. Le cancer du sein est la première pathologie cancéreuse de nos patientes féminines. Il faut donc avoir conscience que les examens des seins sont primordiaux et il faut absolument que les femmes fassent cet examen de l’autopalpation très régulièrement, car une très grande partie des cancers du sein sont trouvés par les patientes ou leur conjoint(e) à leur domicile!
Au Luxembourg, quand fait-on les dépistages?
Le dépistage systématique se fait tous les 2 ans à partir de 45 ans et jusqu’à 74 ans. Malheureusement, le taux de participation au programme de dépistage étatique (programme mammographie) est médiocre. Il faut absolument que le corps médical soutienne plus ce programme mammographie étatique avec sa double lecture qui est un avantage considérable.