Comment faire la guerre aux kilos sans fâcher l’industrie agroalimentaire (car leurs choix agricoles ont accéléré l’épidémie d’obésité) ? Des mécanismes complexes livrent aujourd’hui leurs secrets et les choses sont bien plus compliquées que prévu.
Le Covid-19 a eu de nombreuses conséquences et notamment sur le fait que les gens sont devenus friands d’aliments plus sains et locaux. A cela s’ajoute un intérêt croissant pour les aliments dont l’impact climatique est faible… Serions-nous enfin sur la bonne voie ?
Les enfants déjà touchés
Outre le surpoids et l’obésité, des « maladies de la vieillesse » apparaissent chez les enfants. Les enfants sont en train de développer des maladies chroniques qu’on ne voyait jusqu’ici que chez les adultes âgés : hypertension, épaississement des parois du cœur et des artères, diabète de type 2… Ce sont des maladies que l’on observe déjà chez des enfants de six ans !
L’excès de nourriture tue plus que la famine
Nos ancêtres, qui ont subi des famines, nous ont légué une attirance naturelle pour le gras et le sucré. Pour les industriels, c’est du bonheur et c’est tellement simple : ils commercialisent des produits bon marché à produire et très faciles à vendre puisqu’on les mange sans avoir faim.
Comme ils en produisent en surnombre, il leur suffit d’en parler tout le temps via les médias et de les rendre disponibles partout pour nous en donner envie et nous les faire avaler. Dans le monde, aujourd’hui, l’excès de nourriture et de mauvaises nourritures néfastes pour la santé tue plus que la malnutrition et la famine. L’obésité fait rage.
L’alimentation du bétail a été totalement déséquilibrée en 50 ans
Autrefois, les vaches ne faisaient leur veau qu’au printemps et donnaient du lait pendant la période où elles broutaient l’herbe grasse et riche de cette saison. C’étaient des prairies pleines de fleurs et de graminées riches et variées.
Il y a une cinquantaine d’année tout a changé. David nous disait que : « Avec l’augmentation de la demande, les aliments complémentaires habituels donnés à l’étable ne suffisaient plus. On a remplacé le lin par le maïs et le soja, faciles à cultiver et faciles à stocker pour l’hiver. Il y a juste un problème : le maïs est très riche en acides gras de la famille des Oméga-6, alors que l’herbe de printemps, elle, est très riche en acide gras de la famille des Oméga-3. Tout comme le lin.
Le tout est de bien doser
Ces acides gras essentiels sont indispensables mais ils doivent être mangés dans des proportions finement dosées. Or, ces changements ont bouleversé la composition des graisses animales. Sans le savoir, en favorisant le maïs et le soja pour des questions de rentabilité, l’équilibre de la chaîne alimentaire, a été rompu, ce qui a eu des conséquences sur la santé des animaux et sur celle de l’homme. »
Oméga-3 et 6 : un déséquilibre désastreux
Les déséquilibres des acides gras ont généré mauvaise santé, surpoids et obésité. Les Oméga-6 et les Oméga-3 sont des acides gras essentiels. Ils sont indispensables à notre organisme qui ne sait pas les synthétiser. C’est donc l’alimentation qui doit nous les procurer. On trouve les Oméga-3 principalement dans les poissons gras, l’huile de colza, les noix, et les graines de lin. Deux tiers des acides gras Oméga-6 que nous mangeons provient des animaux, le reste des huiles végétales comme le tournesol, le maïs ou le soja. Il y a un siècle, l’alimentation assurait l’équilibre entre ces deux familles.
Tout a changé
Tout a changé désormais. Aujourd’hui la population absorbe jusqu’à 25 fois plus d’Oméga-6 que d’Oméga-3. Les scientifiques ont prouvé que cela a entrainé des effets directs sur le tour de taille de la population. Ils ont constaté que la prise de poids n’est pas seulement due à la quantité de la graisse absorbée, mais aussi à sa qualité.
Nous sommes ce que nous mangeons
Ce que nous mangeons influence nos gènes. Les acides gras qui sont les principaux constituants des lipides alimentaires vont entraîner une augmentation de l’expression de gènes qui vont participer à la formation des cellules adipeuses.
C’est ce qu’on appelle l’épigénétique. La qualité des nutriments que nous ingérons va influencer notre santé, mais aussi créer une empreinte sur les générations futures. Ces modifications génétiques, nous les transmettons à notre descendance.
Les effets sur l’homme d’un retour à l’équilibre
« Un panier d’aliments riches en Oméga-3 favorise la lutte contre le surpoids et la maladie ». Une équipe de scientifiques a sélectionné des personnes en surpoids et leur famille. Par tirage au sort, la moitié a reçu des aliments riches en Oméga-3, les autres des aliments standard, mais tous mangeaient la même chose. Seule la qualité de la graisse de ces aliments était différente.
Pendant l’expérience, les deux groupes ont perdu du poids. Mais c’est six mois après que les choses deviennent intéressantes, quand tout le monde a recommencé à manger comme avant, et quand les bonnes vieilles habitudes ont repris leur droit. Les mesures et les analyses ont montré que le groupe qui avait eu les Oméga-3 a continué à perdre du poids et à présenter de meilleurs paramètres sanguins, alors que le groupe standard avait tout repris. Les effets du régime Oméga-3 se sont donc prolongés. Ce régime a aidé à prévenir les maladies cardio-vasculaires, l’hypertension artérielle, le diabète et les autres facteurs de risques cardio-vasculaires.
Soyons prudents
Normalement, les consommateurs peuvent facilement repérer les produits riches en Oméga-3 dans les supermarchés grâce à différents labels mais les contrefaçons sont nombreuses. En effet, pour les industriels, il est techniquement plus simple et plus rentable d’ajouter par exemple un peu d’huile de poissons dans le lait pour bébé que de le produire à partir de vaches correctement nourries. C’est pareil pour les margarines et certains laits industriels : quelques gouttes d’huile de poisson, un bon coup de pub et le tour et joué.
Cela leur permet de continuer à utiliser des huiles hydrogénées pleines d’acides gras trans et de la graisse de palme nuisible pour la santé. « Méfiez-vous des margarines qui se présentent comme des médicaments en vantant leur taux d’EPA ou de DHA. Ce sont effectivement des dérivés d’Oméga-3, mais ils sont ajoutés artificiellement. Ces produits ne sont pas naturellement riches en dérivés d’Oméga-3 et sont tout aussi nocifs pour les artères que le beurre classique. »
Pourquoi ?
Pourquoi ne plus laisser les animaux travailler pour nous ? Une bonne alimentation ancestrale du bétail transforme les acides gras en des formes plus facilement assimilables pour nous. Nous profitons mieux des Oméga-3 en mangeant les œufs d’une poule qui a picoré du lin qu’en absorbant directement du lin ou de l’huile de colza.
Au lieu de recommander de fausses illusions, il serait bien plus judicieux de promouvoir la modération. Manger moins de produits d’origine animale, mais des produits choisis, bien fabriqués et bien équilibrés… C’est tellement simple !
Article écrit en collaboration avec David Blondiau
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