La ménopause est une étape naturelle de la vie, mais elle représente aussi un moment charnière pour la santé cardiovasculaire des femmes. Ce que l’on sait moins, c’est qu’à partir de la cinquantaine, leur risque d’infarctus et d’accident vasculaire cérébral (AVC) augmente fortement, jusqu’à rejoindre celui des hommes.
En cause: la chute des œstrogènes, hormones jusque-là protectrices du cœur. Alors que les maladies cardiovasculaires sont aujourd’hui la première cause de mortalité féminine, il est urgent de mieux informer, de mieux prévenir, et surtout… d’agir.
Une consultation cardiologique recommandée dès 50 ans

Toutes les femmes ne sont pas exposées de la même manière aux risques cardiovasculaires à partir de la ménopause. Mais ce que l’on peut affirmer: une évaluation cardiovasculaire préventive serait bénéfique à l’ensemble de la population féminine, dès la cinquantaine.
Dr Juliette Fievez, médecin spécialiste en gynécologie-obstétrique, spécialisée en suivi de la ménopause: «Aujourd’hui, les recommandations existent, mais elles restent encore trop peu mises en pratique. Idéalement, toutes les femmes à partir de 50 ans devraient bénéficier d’une consultation cardiologique, même en l’absence de symptômes. Cette consultation permettrait notamment d’identifier les femmes ménopausées qui présentent un risque cardiovasculaire élevé.
Elle pourrait aussi servir à renforcer l’adhésion au traitement hormonal, en apportant des arguments médicaux supplémentaires aux patientes encore hésitantes. À l’inverse, elle permettrait d’éviter de prescrire ce traitement chez des femmes pour lesquelles il pourrait s’avérer délétère — notamment celles ménopausées depuis plus de 5 ou 10 ans, chez qui une réintroduction tardive d’un traitement hormonal pourrait déstabiliser des plaques athéromateuses, augmentant le risque d’AVC, ou chez celles qui ont déjà eu un AVC.»
Avant toute prescription hormonale: un bilan cardiovasculaire complet
Un bilan cardiovasculaire complet, comprenant une échographie des axes carotidiens, est toujours souhaitable à partir de 50 ans. Dans certains cas, il est nécessaire avant la prescription d’un traitement hormonal substitutif (THS) à base d’œstrogènes, surtout chez les femmes :
- ménopausées précocement (avant 50 ans, voire même 40 ans);
- présentant des antécédents cardiovasculaires personnels ou familiaux (hypertension, etc.);
- avec un taux élevé de cholestérol ou de triglycérides.
Des marqueurs biologiques, comme la lipoprotéine A, peuvent également affiner l’évaluation du risque cardiovasculaire.
Dr Juliette Fievez explique: «Le traitement hormonal substitutif a un effet protecteur vis-à-vis du risque d’infarctus pendant toute sa durée. Toutefois, il reste associé à une légère augmentation du risque d’AVC, d’où l’importance d’une évaluation personnalisée avant prescription et de la réalisation de l’échographie des axes carotidiens.»
Journée de sensibilisation au CHL: un événement à ne pas manquer
Tabac, alcool, sédentarité, alimentation déséquilibrée, stress chronique… tous ces facteurs augmentent significativement le risque de maladies cardiovasculaires, mais aussi d’autres pathologies telles que le diabète de type 2 ou certains cancers (notamment du sein). Ces risques concernent particulièrement les femmes ménopausées, qu’elles soient sous traitement hormonal ou non.
C’est pourquoi le CHL vous invite, à l’occasion de la Journée mondiale de la Ménopause, à participer à une journée de sensibilisation dédiée à la ménopause et aux maladies cardiovasculaires, organisée le 17 octobre prochain dans l’amphithéâtre du CHL.
L’événement mettra l’accent sur le rôle central du sport, de la nutrition et de la prévention cardiovasculaire. Dr Juliette Fievez: «L’OMS recommande au moins 150 minutes d’activité physique modérée par semaine. Cela peut commencer par des gestes simples: marcher régulièrement, privilégier les escaliers, descendre un arrêt de bus plus tôt… L’important, c’est de lutter contre la sédentarité au quotidien. Lors de la Journée, un coach présentera d’ailleurs des exercices simples à réaliser à son bureau pour rester actif ,même dans environnement professionnel.»
«Il faut venir le 17 octobre: la maladie cardiovasculaire est devenue la première cause de mortalité chez les femmes. À la ménopause, le risque s’accélère, mais les femmes consultent moins, plus tard, et sont souvent moins bien prises en charge. Il est urgent d’agir, en informant les femmes et en sensibilisant davantage les médecins.» Dr Juliette Fievez
Un traitement hormonal, pour une meilleure qualité de vie Aujourd’hui, de plus en plus de femmes ménopausées encore actives professionnellement expriment le souhait d’entamer un traitement hormonal afin d’améliorer leur qualité de vie. Ce traitement, lorsqu’il est bien prescrit et encadré, peut offrir de nombreux bénéfices. Il contribue notamment à: réduire le risque de maladies cardiovasculaires; prévenir l’ostéoporose, limitant ainsi le risque de fractures, en particulier au niveau du col du fémur; atténuer les bouffées de chaleur; améliorer les fonctions cognitives, en réduisant les sensations de « brouillard mental » ou les troubles de la mémoire. |